Comment identifier et mesurer l’écart à la technologie
L’Agence de Revenu du Canada (ARC) est de plus en plus exigeante en matière de documentation des activités de RS&DE. Il ne suffit plus de définir l’incertitude technologique et l’écart à la pratique courante. L’ARC requiert maintenant de mesurer cet écart.
Il n’y a pas toujours d’outil ou de mesure toute prête à montrer au conseiller de l’ARC (CRT). Cela découle de la nature même des travaux de RS&DE. Nous tentons de repousser des limites, souvent peu définies ou explorées. Nous devons donc utiliser notre créativité pour créer nos instruments de mesure.
Ne vous concentrez pas uniquement sur l’incertitude du produit. Regardez plutôt ce qui limite vos objectifs technologiques, les méthodes et technologies requises pour résoudre ces incertitudes. Pensez comment mesurer l’écart entre ces incertitudes et la pratique courante.
Aucune méthode n’est universelle. Et ce n’est pas un article de trois pages qui va établir LA méthode. Nous sommes-là, bien sûr, pour vous aider. Mais il y a tout de même un minimum à respecter pour satisfaire les exigences de l’ARC. Voici, à titre d’exemple, quelques suggestions pour mieux identifier et mesurer l’écart à la technologie courante et la progression de vos travaux :
1- Définir adéquatement la technologie.
Commençons d’abord par les technologies en cause. Il est très facile de mal définir la technologie, ceci peut nous empêcher de définir notre véritable incertitude, ce que l’on cherche à y ajouter. Par exemple, si je définis ma technologie comme le système de gestion de base de données, ou le système de pompe hydraulique, le CRT peut facilement avancer que ce système existe depuis longtemps et qu’il n’y a pas de défi technologique à concevoir une nouvelle pompe.
Soyons donc plus spécifique : quelle cible mesurée veut-on atteindre ou dépasser ? Par exemple dans la gestion de la base de données, nous nous intéressons aux moyens de rendre plus performantes de 25% les information peu ou pas structurées de type « blob ». Nous devons donc mesurer notre cible avant, pendant et après notre processus expérimental et sous plusieurs angles pertinents pour notre expérience (vitesse, nombre d’enregistrements à la seconde, taux de succès des transactions, quantité de données perdues, etc.).
Même chose pour la pompe, au lieu de considérer toute la pompe, concentrez-vous, par exemple, sur la composante à l’étude, celle qui limite les résultats attendus. Par exemple, cela peut être la filtration, ou le maintien de la pression.
2- Évaluer la connaissance existante au départ
Il faut ensuite nous relier au reste de la planète. Sommes-nous les seuls ou les premiers à constater ces limites ou à tenter de les dépasser ? Quelles sont les approches connues ou étudiées, de quelle façon résout-on couramment la ou les limites rencontrées ?
Exemple : Lister, analyser sommairement et compter le nombre de :
- Recherches sur ce sujet sur Google,
- Articles pertinents,
- Recherches de brevets sur le sujet,
- Méthodes alternatives formulées ailleurs,
- Technologies similaires à nos besoins et leurs limites,
- Composantes ou solutions avec potentiel à explorer,
- Analyses ou questionnement d’experts externes ou de fournisseurs de technologies,
- Études universitaires,
- Etc.
3- Préciser les limites pertinentes de la technologie ou de la connaissance.
Lorsqu’on a bien situé la technologie cible, il faut préciser pourquoi cette partie de la technologie nous intéresse. Ceci nous ramène alors à bien préciser les limites technologiques que nous voulons dépasser. Cette technologie a certaines propriétés, permet certaines transformations, etc., mais elle a aussi ses limites, qui peuvent être traduites en unités mesurables telles un nombre maximal de transactions par seconde, ou une pression par centimètre carré, etc.
En passant, lorsque c’est défini ainsi, cette incertitude peut nous amener à renommer le projet et ses défis en fonction des objectifs technologiques ou des méthodologies plutôt que des incertitudes du produit.
4- Quantification des objectifs Vs pratique courante
De plus, l’ARC exige que nos objectifs technologiques soient quantifiés et clairement cités assez tôt dans le projet. Partout où cela est possible, il faut donc mesurer nos technologies au départ et nos objectifs de performance. Comparons-les dans le temps à des standards de performance existants ou à des nouveaux que nous allons formuler. Gardons-en des traces.
Exemple : Objectifs de performance 1 : XXXXX
- Date
- Cible
- Unités de mesure
- Conditions dans lesquelles le test fut réalisé
- Performance mesurée
- Constat, variable incertaine 1,
- Constat, variable incertaine 2, etc.
- Résultats, commentaires et conclusions
5- Relier les étapes de la recherche à des incertitudes spécifiques et mesurer le progrès
Enfin, parallèlement à ces exemples nous définissons un processus de développement expérimental, ses activités essentielles, et ses étapes. Nous identifions clairement où l’on tente de résoudre les incertitudes et quelles hypothèses alternatives sont analysées. Nous définissons alors des critères pertinents et nous les mesurons. L’existence de telles mesures différencie clairement les travaux expérimentaux de RS&DE du travail routinier.
Conclusion
En conclusion, il n’y a pas de limite à votre créativité pour définir des méthodes originales de mesure de vos progrès technologiques. De même, il n’y a pas de limite aux coupures que l’ARC peut appliquer à un projet expérimental qui n’est pas assez bien défini, documenté et supporté par des mesures adéquates. C’est votre choix.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Avez-vous des trucs ou des idées à partager à ce sujet ?
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